Café Sciences Humaines

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Mai 68

Pour une fois, le Café Sciences Humaines accueille à l'occasion de l'anniversaire de Mai 68 non pas un, mais trois intervenants, pour trois regards qui se complètent et permettent d’envisager l’événement à différents niveaux.

- Stéphane Moulain est professeur d'histoire-géographie au collège Monod de Montélimar et animateur du Café Sciences Humaines. Il est membre du comité de rédaction de la revue Dissidences, qui s’efforce de construire une approche scientifique et « universitaire » des mouvements révolutionnaires. Il a participé à l’ouvrage collectif « La France des années 68 ». Son intervention, "L'historiographie de Mai 68, de 1968 à 2008", s’attachera à présenter les différentes lectures de l’événement, qui se sont affrontées et succédées de Mai 68 à nos jours.

- Florence Joshua, doctorante en Sciences Politiques à l'Institut d'Etude Politiques de Paris. Elle prépare actuellement une thèse de doctorat en science politique sur « Les métamorphoses de l’engagement à l’extrême gauche : le cas de la Ligue communiste révolutionnaire », sous la direction de Nonna Mayer, et enseigne à Sciences Po Paris dans le cadre d’un cours consacré aux Gauches radicales (1968-2008). Sa contribution lors du CSH, appuyée sur des documents vidéos,  s’intéressera au versant étudiant et largement parisien de l’événement : "Mai 68 dans le monde universitaire : l'influence du "gauchisme""

- Serge Der Loughian, animateur de l'Institut d'Histoire Sociale de la CGT-Ardèche, développera lui le versant plus provincial et ouvrier, en s’intéressant à  "Mai 68 en Ardèche". L’Institut d’Histoire Sociale, qui a publié récemment un « Mai-Juin 36 en Ardèche », collecte actuellement des contributions sur l‘histoire locale de Mai 68.

 

                                  Liens utiles :

 

La page de Florence Joshua sur le site du CEVIPOF/CNRS :

http://www.cevipof.msh-paris.fr/chercheurs/doctorants/fiches/johsua.html

La présentation du cours de Florence Joshua à Sciences Po :

http://www.sciences-po.fr/formation/cycle1/annee2/ouverture_2007_sem1/johsua.pdf

Les travaux de Florence Joshua :

http://www.geopp.org/index.php?option=com_content&task=view&id=79&Itemid=9

Un site intéressant et complet organisé autour des célébrations du 40e anniversaire de Mai 68 :

http://www.mai-68.org/

Sur le site du Monde Diplomatique, les bonnes feuilles du livre de Kristin Ross, « Mai 68 et ses vies ultérieures » :

http://www.monde-diplomatique.fr/2005/03/ROSS/11990

Le dossier Mai 68 sur le site de L’Humanité :

http://www.humanite.fr/+-Mai-68-

Mai 68 en images sur le site de l’INA :

 http://mai68.ina.fr/

 

Bibliographie :

Difficile de se repérer dans la foule d’ouvrages pas forcément très intéressants publiés à l’occasion de cet anniversaire. Voici quelques indications d’ouvrages correspondant à l’esprit de la soirée organisée par le Café Sciences Humaines :

 

·        Antoine Artous, Didier Epsztajn, Patrick Silberstein, La France des années 68, Syllepse, 2008

  La France des années 1968

Présentation de l'éditeur
En finira-t-on jamais avec Mai 68 ? La droite, toujours prompte à rappeler son souvenir, s'acharne contre ce passé. Quarante ans après, elle en dénonce les traces dans la société française. L'aveu est de taille et, paradoxalement, indique bien l'ampleur et l'intensité de l'événement qui ne peut se circonscrire au seul mois de mai 1968, ni à la France du général de Gaulle. Cet ouvrage en témoigne : la déferlante fut plus large, touchant plusieurs continents, plus longue, se prolongeant jusqu'à la fin des années 1970. Cette "encyclopédie de la contestation" raconte cette fracassante époque et analyse ce soulèvement planétaire.

 

·        Collectif, Mai 68. Une histoire collective 1962 -1981, La Découverte, 2008

  68 : Une histoire collective, 1962-1981

Présentation de l'éditeur
Mai 68 demeure l'un des moments de l'histoire contemporaine de la France qui suscitent les plus vifs débats : magnifiées par certains, accusées par d'autres des pires maux d'aujourd'hui, les " années 68 " dérangent autant qu'elles fascinent. Elles restent pourtant largement méconnues - d'autant plus qu'on ne retient de 68 que son fameux mois de mai, les barricades du quartier Latin et l'occupation de la Sorbonne. Or ces scènes participent d'un paysage beaucoup plus vaste, à Paris, en province, en Europe et dans le monde. Surtout, on ne peut comprendre ce " moment 68 " sans examiner la longue séquence historique dans laquelle il s'inscrit, de la fin de la guerre d'Algérie en 1962 à l'élection de François Mitterrand en 1981, de la révolution cubaine à la révolution iranienne. Cet ouvrage collectif invite pour la première fois à parcourir l'histoire de ces vingt années qui ont transformé la société française. Il rend accessibles les travaux de recherches historiques les plus novateurs ainsi que l'exploitation de nombreuses sources inédites (archives des organisations politiques et syndicales, de la police, fonds privés, etc.). Ce grand récit fait apparaître un autre visage de 68 : le lecteur découvrira ainsi que la question sociale - les grèves ouvrières, mais aussi les luttes des femmes et des immigrés - occupe une place aussi centrale que la mobilisation des étudiants, et que le monde rural et les villes de province participent autant, voire plus, que Paris à l'effervescence qui gagne alors le pays. Acteurs anonymes et célèbres, lieux connus et inconnus, objets de la culture matérielle et artistique s'animent et se côtoient pour nourrir cette histoire polyphonique qui touche aussi bien l'urbanisme que le corps, la vie intellectuelle que la condition ouvrière, le cinéma que l'économie. Ce paysage recomposé donne à voir l'intensité des débats politiques, ainsi que l'incroyable diversité des luttes et des aspirations dont ces années furent le théâtre.

 

·        PUDAL/GOBILLE/MATONTI/DAMAMME, Mai-Juin 68, Editions de l’Atelier, 2008

Mai-Juin 68

Présentation de l'éditeur
Connaissez-vous vraiment Mai 68 ? Quarante ans après son surgissement, l'événement continue de faire débat : s'appuyant sur quelques poncifs, d'aucuns proclament qu'il faudrait en " liquider l'héritage " ; certains l'accusent d'avoir provoqué un effondrement de l'autorité ; d'autres encore font le procès d'une génération 68 convertie aux délices du libéralisme et accaparant pouvoirs et argent aux dépens des plus jeunes. Mai 68 mérite-t-il d'être ainsi cloué au pilori ? Cet ouvrage propose de sortir des clichés pour entrer dans la connaissance approfondie de ce qui fut l'un des grands événements du XXe siècle. Pour la première fois à cette échelle, vingt-neuf chercheurs, historiens, politologues, sociologues, révèlent l'ampleur du changement cristallisé par le conflit de mai et juin 1968 en France. Ils repèrent d'abord les craquements qui l'ont précédé et l'expliquent en partie : démocratisation de l'école, crise de l'université, des institutions religieuses et politiques, des méthodes patronales... Ils dévoilent ensuite l'ébranlement inédit que provoqua cette révolte multiforme : dans les rues, les usines, sur les campus, chez les artistes, jusque dans les partis de droite... Ils analysent enfin les effets de long terme de cet étonnant bouillonnement social, culturel et politique qui modifia durablement les manières d'être femme, de travailler, d'enseigner, de s'engager en politique, de faire du théâtre, de penser son corps... Que reste-t-il aujourd'hui de Mai-Juin 68 ? Loin de l'image folklorisée du monôme étudiant, cet ouvrage met en lumière le rôle moteur d'une aspiration toujours vive : prendre la parole et transformer sa vie hors des limites assignées par les pouvoirs.

 

 

·        Xavier VIGNA, L’insubordination ouvrière dans les années 68. Essai d’histoire politiques des usines, Presses Universitaires de Rennes,

L'insubordination ouvrière dans les années 68 : Essai d'histoire politique des usines

Présentation de l'éditeur
La mémoire de 68 a largement valorisé le mouvement étudiant. Pourtant, 68 constitue également le plus puissant mouvement de grèves ouvrières que la France a connu, et qui ouvre ensuite une phase décennale de contestation dans les usines. C'est cette séquence d'insubordination ouvrière que Xavier Vigna retrace dans une étude historique pionnière qui s'appuie sur des archives inédites. En croisant tracts, rapports de police et films militants, ce livre analyse d'abord l'événement que constituent les grèves de mai-juin 1968, bien au-delà de la seule scène parisienne souvent réduite à la " forteresse de Billancourt ", et en montre le caractère inaugural. Dès lors, l'insubordination perdure et se traduit par de multiples illégalités. La parole ouvrière qui la nourrit conteste l'ensemble de l'organisation du travail. Relayée selon des modalités complexes par les organisations syndicales et les groupes d'extrême-gauche, cette insubordination échoue pourtant face à la crise économique. Ainsi, ces années 68 constituent également une séquence ouvrière, dont cet essai d'histoire politique des usines entend restituer l'ampleur. Livre d'histoire par conséquent à rebours des discours convenus sur " Mai 68 ", et d'une histoire ouvrière qui se confronte à la sociologie du travail d'alors, il renouvelle largement notre connaissance d'une période ardente et cruciale, celle des années 68.

·        Kristin ROSS et  Anne-Laure VIGNAUX, Mai 68 et ses vies ultérieures, Editions Complexes, 2005

 

 Mai 68 et ses vies ultérieures

Présentation de l'éditeur
Parmi les événements politiques qui ont secoué la planète dans les années 1960, l'expérience française a été unique. En effet, pour un court moment, étudiants et travailleurs se sont alliés pour produire l'unique insurrection « générale » que le monde développé ait connue depuis la Deuxième Guerre mondiale. Ce que l'on désigne aujourd'hui comme « les événements de Mai 68 » constitue en fait le plus vaste mouvement de masse de l'histoire française et la plus grande grève de l'histoire du travail en France. Les trois cibles politiques de l'insurrection étaient, à l'époque, clairement déterminées : il s'agissait de l'impérialisme américain, du capitalisme et du gaullisme.

Vingt ans plus tard, toutefois, l'image de Mai 68 qui faisait l'objet d'un consensus presque parfait en France était celle d'un drame générationnel dénué de violence, d'une révolte de la jeunesse pacifique et bon enfant, d'une poussée d'individualisme narcissique - bref, rien de plus qu'une bénigne transformation de moeurs, de culture et de style de vie.

Mai 68 et ses vies ultérieures offre une analyse critique de la façon dont la mémoire officielle de 1968 a été façonnée pour servir des intérêts politiques étrangers aux aspirations propres du mouvement. Il examine le rôle joué par le discours sociologique, par certains exleaders estudiantins repentis, désireux de se réconcilier avec la culture politique dominante, par le flot de commémorations télévisées diffusées en France dans les années 1970 et 1980 et par l'émergence d'un nouveau discours éthique entourant les droits de l'homme ; autant d'éléments qui ont contribué à réduire ce qui pouvait être dit ou même pensé au sujet de la culture politique de gauche des années 1960 à un petit nombre de tropes et de clichés. Il montre ainsi comment un mouvement éminemment politique, avant tout soucieux d'égalité, s'est vu assigner une histoire totalement neuve et contrefaite, qui a rayé du tableau la violence policière, les décès de participants, l'adhésion des travailleurs et, surtout, gommé toute trace d'anti-américanisme et d'anti-impérialisme ainsi que les influences de l'Algérie et du Vietnam.

Pour contrer ceux qui voudraient attribuer une dimension purement spirituelle et culturelle à Mai 68, Kristin Ross retourne au langage politique du mouvement, préservé dans les tracts, les pamphlets et les films documentaires de l'époque, et évoque les traces d'un climat, d'une configuration sociale et d'une subjectivité politiques particulières, oubliées par ceux qui, plus tard, ont prétendu incarner la vérité officielle du mouvement. La culture politique de 1968, selon l'auteur, se manifeste dans la destruction d'identités sociales, dans les déplacements physiques qui ont entraîné les participants en dehors de leur place dans la société, dans la création, enfin, d'une disjonction entre subjectivité politique et groupe social d'appartenance. Les dimensions profondément politiques de Mai 68, suggère-t-elle, ne sont redevenues partiellement perceptibles que très récemment, à la suite de la réémergence d'un mouvement politique de masse opposé aux effets du capitalisme global (Seattle, grèves de 1995 en France).

 

 

 

 

 

 

 

 

 



06/04/2008
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